En MotoGP, les concessions étaient censées redéfinir l’équilibre des forces. Pourtant, Yamaha et Honda, deux géants de la course, semblent aujourd’hui plongés dans un paradoxe troublant. Malgré des avantages réglementaires significatifs, leurs performances ont chuté de manière inquiétante par rapport à l’année dernière. Cet article se penche sur les raisons de cette régression inattendue et sur les espoirs de redressement pour ces marques emblématiques.
Le Nouveau Cadre Réglementaire des Concessions
Le nouveau cadre réglementaire, voté à l’unanimité par tous les constructeurs, a été introduit cette année. Il place Yamaha et Honda dans la catégorie D, leur offrant des privilèges uniques. Ces concessions permettent notamment à leurs pilotes de tester plus fréquemment et de modifier leurs moteurs, des avantages interdits aux autres marques. Ce système est censé offrir une chance supplémentaire aux marques en difficulté de se rapprocher des leaders.
Performances en Baisse : Un Paradoxe Inattendu
Cependant, les chiffres sont impitoyables. Après neuf manches du championnat, le meilleur pilote Yamaha, Fabio Quartararo, est seulement 15e avec 44 points. L’année dernière, il était 11e avec 65 points et plusieurs podiums. Son coéquipier Alex Rins est 21e avec seulement 8 points, un déclin notable par rapport à Franco Morbidelli qui occupait une meilleure position l’an passé.
Chez Honda, la situation est encore plus préoccupante. Joan Mir, leur pilote le mieux classé, est 18e avec 13 points. Aucun pilote Honda n’a encore réussi à entrer dans le top 10 cette saison. Comparativement, Alex Rins avait déjà une victoire et occupait la 13e place avec 47 points à ce stade l’année dernière.
Impact des Concessions sur Yamaha et Honda
Ces chiffres suggèrent que les concessions n’ont pas eu l’effet escompté. En fait, elles semblent même avoir été contre-productives. Les performances individuelles ont chuté malgré les avantages techniques et les opportunités de test supplémentaires. Par exemple, Quartararo a été 18 secondes plus rapide cette année au Sachsenring par rapport à l’an dernier, mais cette amélioration n’a pas suffi à compenser la baisse de compétitivité globale.
Stratégies d’Adaptation et de Changement
Face à cette crise, Yamaha a entrepris des changements radicaux. L’arrivée de Max Bartolini comme directeur technique et de Marco Nicotra pour le département aérodynamique marque un tournant. De plus, Yamaha a transféré une grande partie de ses opérations de conception de pièces importantes du Japon vers l’Europe. Cette réorganisation vise à accélérer le développement et à améliorer la réactivité. Par exemple, le partenariat avec Dallara en Italie a réduit considérablement le délai entre la conception et le test des composants aérodynamiques.
Honda, de son côté, reste plus conservatrice dans son approche. Malgré les avantages des concessions, leur processus de développement reste lent. Leur moteur actuel, dont la rotation est opposée à celle du reste de la grille, est un exemple de cette réticence à changer. Joan Mir a récemment déclaré que bien que le besoin de changement soit reconnu, convaincre les ingénieurs japonais reste un défi majeur.
Prévisions et Espoirs pour le Test de Misano
Le prochain test de Misano, prévu après le Grand Prix de Saint-Marin en septembre, est crucial. Yamaha et Honda y espèrent évaluer les effets concrets des concessions. Yamaha prévoit d’y tester une moto “très différente” intégrant toutes les conclusions de cette première moitié de saison. Chez Honda, les attentes sont similaires, bien qu’il reste à voir si leur approche plus lente portera ses fruits.
Conclusion : Vers une Réévaluation des Concessions
À mi-saison, Yamaha et Honda n’ont pas encore atteint les 35% de points nécessaires pour passer à l’échelon supérieur des concessions. Yamaha est à 21% et Honda à 16%, bien en deçà du seuil requis. Cette situation appelle à une réévaluation des concessions et de leur mise en œuvre. Alors que Ducati continue de dominer sans ces avantages, il est clair que les concessions, telles qu’elles sont actuellement appliquées, ne suffisent pas à redresser la barre pour Yamaha et Honda. Seul le temps dira si ces géants japonais pourront enfin tirer profit de ces opportunités pour redevenir compétitifs.