“Prêt à courir”. Pour KTM, c’est plus qu’un slogan ; c’est une philosophie, une manière de penser, de travailler, de vivre et de courir. Dans toutes les disciplines où l’entreprise s’est engagée, les Autrichiens ont gagné. Alors, quelle est la prochaine étape ? Après avoir dominé dans le hors-piste avec le Dakar Rally, le MXGP et l’enduro, ainsi que les classes juniors des GP, l’objectif ultime est maintenant la couronne dorée du MotoGP.
Deuxième au classement des constructeurs l’année dernière, avec le Sud-Africain Brad Binder quatrième après une fin de championnat 1-2-3 de Ducati, KTM vise à faire un pas de plus cette année. Est-ce la nouvelle alternative à Ducati dans la catégorie reine ?
Alors que le cirque du MotoGP atterrit au Portugal ce week-end pour la deuxième manche de la saison 2024, nous avons parlé avec Francesco Guidotti, le manager de l’équipe Red Bull KTM Factory Racing.
Nous sommes passés du désert du Qatar aux rivages de l’Algarve au Portugal – un changement de décor, de continent et de piste – mais Ducati reste la moto à battre.
“Ducati part avec un avantage. C’est la moto gagnante des deux dernières années, mais KTM et Aprilia se rapprochent.”
KTM peut-elle être considérée comme le principal adversaire de Ducati ?
“Du point de vue de l’entreprise, notre objectif est clairement de gagner le titre le plus rapidement possible, mais nous ne voulons pas être l’anti-Ducati. J’aime penser qu’il s’agit plutôt d’un nouveau cycle qui voit les fabricants européens au premier plan après 25 à 30 ans de domination par les géants japonais.”
Parlons de la moto. Quelles sont les forces sur lesquelles Brad Binder et Jack Miller peuvent compter ?
“Nous sommes très satisfaits du travail accompli. La moto est très équilibrée. Nous sommes également contents du moteur. Nous avons amélioré tous les domaines, également grâce à l’électronique et à l’aérodynamique.”
La croissance a été constante tout au long de la saison 2023.
“Oui, nous avons continué à apporter du matériel jusqu’à Valence, même des pièces structurelles. Par exemple, le cadre en carbone utilisé par le wild-card Dani Pedrosa à Misano a été adopté par les pilotes d’usine à partir du GP du Japon. L’évolution s’est ensuite poursuivie pendant l’hiver en préparation pour 2024.”
Comment voyez-vous la Desmosedici GP24 ?
“Je ne vois aucune faiblesse dans la moto. Leur force réside précisément dans la combinaison moto-pilote. Pecco connaît la moto comme sa poche ; il est dans sa sixième saison et depuis qu’il a rejoint l’équipe d’usine, le développement a été basé sur ses entrées. Binder est également dans sa cinquième saison avec nous, mais a piloté différentes motos.”
Vous avez travaillé avec Pecco. Est-il imbattable ?
“Je le vois très mature et il semble avoir tout sous contrôle. Il a remporté deux titres consécutifs de manières différentes : en 20223 avec un incroyable retour sur Fabio Quartararo, en 2023 dans un duel avec Martín tout en gérant ensuite les points. Pecco semble souffrir un peu le vendredi – mais ensuite le dimanche, il est là.”
Et Jorge Martín ? Vous avez également travaillé avec lui.
“Jorge a un tempérament différent. Il est extrêmement rapide et explosif, il pilote de manière agressive. C’est une force, mais il est aussi plus exposé au risque et à l’erreur.”
Et vos pilotes ?
“Brad (Binder) a une telle détermination extrême que je n’ai vue chez personne. Il se consacre entièrement à partir de l’entraînement, du régime alimentaire et de l’état d’esprit. Il a un style de pilotage agressif qu’il a affiné, devenant l’as que nous voyons. Et puis Jack (Miller) : Il est rapide, expérimenté, mais parfois il fait trop d’erreurs. D’un autre côté, il est un véritable leader dans l’équipe et croit pleinement dans le projet.”
Et puis un rookie très talentueux : Pedro Acosta dans l’équipe GasGas – le nouveau gars à suivre !
“Pedro a eu un bon feeling avec la moto dès le début, et c’est crucial. Il apprend très rapidement. Il a fait un début parfait au Qatar. Il a fait tout ce qu’il devait faire : Il était rapide mais sans exagérer. Il était important de finir le sprint et la course avec un bon résultat. En un mot, il a tiré le meilleur parti de la situation dans laquelle il se trouvait, faisant une demi-course avec le top cinq.”
Un autre gars talentueux a fait ses débuts avec vous en 125cc : un gars nommé Marc Márquez.
“Oui, j’ai travaillé avec tant de pilotes qui concourent sur la grille du MotoGP.”
Qu’est-ce qui le rend spécial ? Et voyez-vous des similitudes avec Acosta ?
“Pour être en MotoGP, il faut être rapide, donc je prends cela pour acquis. Ce que j’aime chez Marc, c’est sa passion pour la course. Il vit la course comme un plaisir. À cet égard, Pedro est très similaire à Marc.”
De un à 10, comment classeriez-vous chaque constructeur après le premier tour au Qatar, ce qui peut aussi être indicatif pour ce week-end à Portimão ?
“Ducati : 9, car ils ont gagné le samedi et le dimanche avec deux pilotes différents.
“KTM : 8
“Aprilia : 6,5. Ils ont été incroyables en qualifications et en course sprint, mais le dimanche, ils se sont perdus.
“Honda et Yamaha : Nous savons qu’ils ont des difficultés et ont besoin de temps, mais je suis sûr que grâce aux concessions, ils feront aussi partie du jeu. C’est seulement une question de temps.”
Quel est l’objectif de KTM pour 2024 ?
“L’année dernière, nous avons remporté plusieurs courses sprint, nous devons améliorer cela. L’objectif est de gagner autant de courses que possible, surtout les dimanches. C’est une étape fondamentale si nous voulons nous battre pour le titre.”
Nous ne sommes qu’à la veille de la deuxième course, mais le marché des pilotes est déjà un sujet brûlant. Il y a beaucoup de rumeurs sur Marc Márquez sur une moto orange en 2025.
“Qui ne voudrait pas avoir Marc dans l’équipe ? Il y a eu beaucoup de discussions à ce sujet, mais les choses sont toujours plus complexes. Rien n’est impossible, mais je le vois comme difficile ; ce serait le troisième changement de moto en trois ans pour lui.”
Binder/Márquez ou Márquez/Acosta serait une équipe de rêve.
“Binder et Acosta sont déjà avec nous, donc nous pouvons faire une équipe de rêve même sans Marc, mais comme je l’ai dit : Qui ne voudrait pas avoir Marc dans l’équipe ?”