Calendrier Pirelli : l’histoire, de 1964 à l’édition 2024

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De 1964 à 2024, avec quelques interruptions au fil des ans, 50 éditions du Calendrier Pirelli ont été publiées, réalisées par 39 photographes.

Calendrier Pirelli: 9 ans sans publications

La première décennie, de 1964 à 1974, suivie d’une longue interruption des publications (neuf ans) due à la récession économique. La deuxième décennie, de 84 à 94, qui commence avec la renaissance du Calendrier et son retour progressif sur le devant de la scène. De 1994 à 2015, à cheval sur deux siècles, qui voit Le Cal s’imposer comme un objet culte, capable de créer des tendances. De 2016 à nos jours, des années où Le Cal, qui a toujours anticipé les tendances, s’empare de nouvelles sensibilités liées aux changements culturels et esthétiques.
Les années de la jeunesse de The Cal sont marquées par le succès grandissant des Beatles, du rock, de la minijupe, mais aussi par la jeunesse contestataire et la mobilisation pacifiste contre la guerre du Vietnam. Le Calendrier s’émancipe de sa vocation initiale de gadget d’entreprise pour grands clients et devient un objet exclusif destiné à quelques bénéficiaires.

Les mannequins sont pour la plupart de jeunes débutants, photographiés sur fond de plages exotiques et de décors naturels parmi les plus évocateurs et les plus exclusifs. Mais de temps à autre, la véritable vocation du Calendrier émerge des images sur papier glacé, une vocation à la fois esthétique et culturelle : le Cal aspire à devenir un signe des temps qui changent. Ainsi, en 1968, Harri Peccinotti s’inspire des poèmes d’Elizabeth Barret Browning, d’Allen Ginsberg et de Ronsard ; l’année suivante, le même photographe refuse de faire “poser” des mannequins pour voler des clichés sur les plages ensoleillées de Californie ; en 1972, c’est la première fois qu’une femme photographe, Sarah Moon, brise certains des tabous de son époque.

L’arrêt de la publication, annoncé en mars 1974, a suscité beaucoup plus de clameur dans les médias britanniques et internationaux que ses débuts, signe évident du succès croissant du Calendrier Pirelli, qui a continué à vivre au cours de la décennie suivante dans une série de livres, de recueils et d’anthologies publiés dans différentes langues. Le volume le plus célèbre sur les dix années du Calendrier a été publié en 1975 avec une préface nostalgique signée par David Niven.

1984 la renaissance du calendrier Pirelli

C’est dans ces conditions qu’a débuté en 1984 la renaissance tant attendue du Calendrier. Elle est menée par le nouveau directeur artistique, Martyn Walsh, qui, pour revenir à ses racines, insère dans les photographies une “référence” discrète, presque subliminale, au produit phare du groupe : le pneu. Sur les plages des Bahamas, à côté des splendides mannequins photographiés par Uwe Ommer pour le calendrier 1984, apparaît une empreinte mystérieuse pour la plupart des gens : c’est la bande de roulement du pneu P6, le dernier produit de Pirelli. Une ombre légère, un dessin à peine perceptible mais omniprésent, une allusion à la technologie qui imprègne notre époque.

Edition de 1987

En 1987, Terence Donovan crée le premier Calendrier entièrement consacré aux Vénus noires : parmi les protagonistes, une débutante, Naomi Campbell, âgée d’à peine 16 ans. L’année suivante, en 1988, Barry Lategan inclut pour la première fois un protagoniste masculin dans une “vitrine” traditionnellement réservée aux femmes. En 1990, Arthur Elgort réalise le premier calendrier Pirelli entièrement noir et blanc, consacré aux Jeux olympiques et à la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl.

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En 1993 un grand tournant

En 1993, une fois de plus à la fin de la décennie et après un changement de direction à la tête du groupe, un tournant important s’est produit. La communication de Pirelli s’est imposée au niveau international grâce à des campagnes publicitaires très réussies (la célèbre campagne mettant en scène le sprinter noir Carl Lewis avec des chaussures rouges et des talons aiguilles) et le Calendrier est devenu l’un des principaux outils de communication de l’image renouvelée du Groupe. La direction artistique du Calendrier est transférée au siège de Milan et il est décidé d’abandonner toute référence ou citation aux pneus. Le Calendrier redevient ainsi lui-même, une pure expression artistique sans aucune contrainte ni condition, si ce n’est celle du style et du bon goût. Après tout, le “long P” est une marque internationale qui ne s’identifie pas à une seule famille de produits, mais qui évoque un large spectre de valeurs et de significations, avant tout l’innovation continue et la recherche de l’excellence, des éléments qui ont toujours été un stimulant pour le Calendrier également.

Herb Ritts inaugure la nouvelle saison du Cal en 1994 avec un défilé exceptionnel de top models : Cindy Crawford, Helena Christensen, Kate Moss et Karen Alexander. Son calendrier, intitulé A Homage to Women, a pour ambition de fixer en images “les femmes des années 1990 et leur place dans le monde : des femmes fières et séduisantes, belles à l’intérieur”. Désormais, le talent créatif des photographes et l’allure des mannequins deviennent, plus encore qu’auparavant, les clés de voûte du succès du Calendrier Pirelli. Le lien avec le monde de la mode et du glamour est ainsi renforcé : pour les stars des podiums, une photo dans “The Cal™” équivaut à une consécration, et la compétition entre les jeunes recrues devient de plus en plus féroce.

Parmi les protagonistes les plus glamour du siècle dernier figurent : Christie Turlington et (à nouveau) Naomi Campbell en 1995 (photo de Richard Avedon) ; Carré Otis, Eva Herzigova et Nastassja Kinsky en 1996 (photo de Peter Lindbergh) ; Inés Sastre et Monica Bellucci (premier mannequin italien) en 1997. En 1998, Bruce Weber a également consacré quelques clichés à des stars masculines du cinéma et de la chanson telles que Robert Mitchum, John Malkovich, Kris Kristofferson, B.B.King et Bono ; Alek Wek et Laetitia Casta ont été les femmes emblématiques en 1999 par Herb Ritts et en 2000 par Annie Leibovitz.

Le 21ème siècle s’est ouvert avec un Calendrier Pirelli réalisé à Naples par Mario Testino avec Gisèle Bunchen et Frankie Ryder parmi les protagonistes. Plusieurs actrices et deux nièces célèbres figurent dans l’édition 2002 : Lauren Bush (17 ans, petite-fille de George senior) et Kiera Chaplin (petite-fille du grand Charlie).

2003 L’année a l’Italienne

Le casting 2003, réalisé par Bruce Weber, est particulièrement riche : il comprend pas moins de trois présences italiennes (Mariacarla Boscono, Eva Riccobono et Valentina Stilla) aux côtés de célèbres top models comme Sophie Dahl, Heidi Klum, Karolina Kurkova et Natalia Vodianova et de nouveaux personnages masculins issus du monde du cinéma et du sport (Alessandro Gassman, Stephane Ferrara, Richie La Montagne).

2004, l’édition du 40e anniversaire, se concentre sur les rêves et les désirs de femmes célèbres comme Catherine Deneuve et Isabella Rossellini et s’appuie sur la créativité technologique du photographe Nick Knight. L’édition 2005 est signée Patrick Demarchelier qui, dans son “O espirito do Brazil”, met en scène des mannequins de la trempe de Naomi Campbell et de jeunes pousses comme Adriana Lima sur les plages ensoleillées d’Ipanema et de Copacabana. 2006 a été réalisé par le duo anglo-turc bien connu Mert et Marcus, dans le cadre évocateur des années 1960 de la Côte d’Azur, et met en scène des femmes extraordinaires de beauté et de sensualité telles que Jennifer Lopez, Kate Moss et Gisele Bundchen. 2007, c’est le tour des stars. Cinq des plus connues et des plus populaires d’Hollywood ont été choisies : Sophia Loren, Penelope Cruz, Hilary Swank, Naomi Watts et une Lou Doillon émergente photographiée par le duo néerlandais Ines et Vinoodh Matadin en Californie.

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Le deuxième long métrage de Patrick Demarchelier, The Cal, réalisé en 2008, est le premier à avoir été tourné sur le continent asiatique. Il se déroule entièrement à Shanghai et son casting est un mélange d’Occident et d’Orient. L’actrice chinoise Maggie Cheung et le top model Doutzen Kroes en sont les vedettes.

2009, une très grande édtion

En 2009, c’était au tour du Botswana, où le célèbre artiste Peter Beard a immortalisé des mannequins de renommée internationale tels que Daria Werbowy, Lara Stone et Mariacarla Boscono. Beard, qui vit au Kenya depuis 30 ans, est l’un des plus grands interprètes du mystère et de l’attrait de l’Afrique. L’édition 2010 est confiée au photographe américain Terry Richardson, l’enfant terrible connu pour son style provocateur et transgressif, qui met en scène des filles provocantes et non conventionnelles telles que Miranda Kerr, Lily Cole, Rosie Huntington et Ana Beatriz. L’année 2011 est signée par le génie créatif de Karl Lagerfeld, artiste, esthète et personnage aux multiples facettes. Dans son studio parisien, Lagerfeld a créé “Mythology”, un calendrier qui reflète sa passion pour les légendes et les mythes de la mythologie gréco-romaine. Un mélange d’artistes masculins et féminins, dont les mannequins Baptiste Giabiconi et Brad Kroenig et l’actrice Julianne Moore. L’année 2012 a été confiée à Mario Sorrenti qui a choisi la Corse pour donner vie à “swoon”, l’extase capturée par l’image, avec un casting exceptionnel comprenant Milla Jovovich, Kate Moss et Isabeli Fontana.

Calendrier Pirelli

L’auteur de l’édition 2013 de The Cal est Steve McCurry, l’un des photojournalistes les plus célèbres au monde qui, à travers ses clichés pour Pirelli, a pu raconter la transformation sociale et économique du Brésil. Les protagonistes – qui ne sont jamais représentés nus – sont tous unis par leur engagement à soutenir des organisations non gouvernementales, des fondations et des projets humanitaires. Il s’agit de l’actrice brésilienne Sonia Braga, de la chanteuse Marisa Monte, des mannequins Adriana Lima, Petra Nemcova et Summer Rayne Oakes. Le calendrier 2013 associe la culture, l’économie et les paysages du Brésil à l’élément humain, avec en toile de fond les favelas des quartiers historiques de Rio de Janeiro.

En 2014, pour le 50e anniversaire du Calendrier Pirelli, il a été décidé d’éditer les photos qu’Helmut Newton avait prises en 1985, mais qui, pour diverses raisons, n’avaient jamais vu le jour.

2015 l’année des changements

À partir de l’année suivante, 2015, le calendrier prend un nouveau tournant. De nombreux thèmes, souvent évoqués dans les différentes éditions, deviennent les protagonistes de la narration des photographes. Meisel introduit un thème très actuel, celui des mannequins “curvy” (Candice Huffine), ouvrant ainsi une nouvelle saison pour l’esthétique du calendrier.
Avec l’édition 2016, une nouvelle ère s’ouvre pour le Calendrier Pirelli, qui entame un chemin de changement progressif et irréversible. Année après année, le Cal, qui a toujours anticipé les tendances, prend en compte les nouvelles sensibilités culturelles et esthétiques.

L’étape décisive a été franchie par Annie Leibovitz qui, pour le calendrier 2016, a décidé de représenter 13 femmes choisies pour leur réussite dans les domaines les plus variés de la vie. Devant son objectif, elles posent de la championne de tennis Serena Williams à la chanteuse Patti Smith, de la performeuse et musicienne Yoko Ono à la critique et écrivaine Fran Lebowitz. Mais aussi, entre autres, la présidente émérite de Moma, Agnes Gund, la blogueuse Tavi Gevinson et la présidente du fonds d’investissement Ariel, Melody Hobson.

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Le relais a été pris l’année suivante par Peter Lindbergh qui, à une époque où les principaux médias du monde présentaient les femmes comme des ambassadrices de la perfection et de la jeunesse, a proposé et prôné une autre beauté, plus réelle et vraie, parfois non parfaite, mais capable d’émouvoir. D’où le titre du calendrier 2017 “Emotional”, réalisé avec 14 actrices internationales, dont Nicole Kidman, Helen Mirren, Penelope Cruz et Uma Thurman. Avec l’édition 2017, le maître allemand devient le seul photographe à avoir été appelé à réaliser trois fois le Calendrier Pirelli, après celui de 1996 réalisé en Californie dans le désert d’El Mirage et celui de 2002 réalisé aux Paramount Pictures Studios de Los Angeles.

2018 est l’année de Tim Walker, qui a choisi de représenter “Alice au pays des merveilles” avec un casting de 18 personnalités émergentes et établies, dont Naomi Campbell, Whoopi Goldberg, Sean ‘Diddy’ Combs et Ru Paul. Alice est interprétée par le mannequin Duckie Thot, dont l’histoire personnelle – fille de réfugiés soudanais installés en Australie – fait d’elle la réincarnation idéale de l’Alice moderne, héroïne sans racines et symbole de l’agitation.

Les aspirations et les rêves des femmes sont de nouveau à l’honneur avec le Calendrier 2019. Albert Watsonintitule son Calendrier “Dreaming”, car il veut représenter, à travers quatre petits films, les histoires de quatre femmes décidées à atteindre leurs objectifs. Les images ne sont pas seulement des “portraits”, mais des images fixes cinématographiques qui étudient les femmes protagonistes et leur vision : Gigi Hadid, Misty Copeland, Julia Gardner et Laetitia Casta.

Pour le calendrier 2020, le sujet devient les multiples facettes de la figure féminine. Le photographe est Paolo Roversi et le titre est “Looking for Juliet”, une revisitation photographique de la tragédie shakespearienne. Neuf femmes interprètent Juliette, une figure à la fois simple et compliquée, naïve et passionnée au point de s’ôter la vie par amour. Roversi explore la complexité de l’univers féminin à travers la recherche de la “Juliette” présente en chaque femme. Beauté, force, tendresse et courage coexistent dans une seule et même figure, des attitudes qui émergent des gestes, des paroles, des sourires, des larmes et des yeux des protagonistes, dont Emma Watson, Claire Foy, Rosalia, Indya Moore et Christen Stewart.

Le covid empêchera la parution du calendrier 2021

Le Calendrier Pirelli 2021 n’a pas été publié en raison de l’urgence sanitaire liée au Coronavirus. Après avoir été suspendue en raison de la pandémie, l’édition 2022 – qui marque également le 150e anniversaire de Pirelli – revient avec des clichés de Bryan Adams de “On The Road”, qui immortalise la vie des artistes en tournée. Un thème qui revient également dans la chanson du même nom que le musicien canadien a écrite pour le Calendrier et qui a été incluse dans l’un de ses albums.

Dans Calendar 2022, les musiciens revivent tous les moments de leurs tournées : de la tension avant la représentation aux pauses entre les répétitions et les concerts, des longs voyages d’une ville à l’autre à la solitude dans une chambre d’hôtel. Des expériences vécues par Bryan Adams lui-même qui, pour la première fois dans l’histoire du Calendrier, n’est pas seulement photographe, mais fait également partie du casting, aux côtés de personnalités telles qu’Iggy Pop, Cher, St. Vincent, Grimes et Rita Ora.

2023 sous le signe de la Muse

Pour l’édition 2023, Emma Summerton, signe “Love Letters to the Muse”, un calendrier qui rassemble 28 clichés de 14 modèles représentés dans le style onirique qui distingue le travail de la photographe australienne. Son calendrier repropose le sens originel du mot Muse : celle qui possède un talent pour la littérature, la science et l’art. Le calendrier d’Emma Summerton, cinquième femme à photographier The Cal, est une célébration des femmes extraordinaires : écrivains, photographes, poètes et réalisateurs.